Imaginez-vous fouler le sol d’un vestige passé tout en contemplant un paysage aux 50 nuances de bleu. Oui, Le Morne Brabant a de quoi vous laisser sans voix. Ce n’est pas la montagne la plus imposante, ni la plus haute de l’île Maurice. Pourtant, elle a un cachet inégalable et un passé poignant qui la rendent aussi belle que emblématique.
Classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, Le Morne Brabant est bien plus qu’une immense roche. C’est une forteresse naturelle et un symbole historique qui reste en mémoire de tous ceux qui y passent…
Une forteresse naturelle et un symbole
Il n’y en a pas deux comme lui. Le Morne Brabant, c’est une architecture naturelle et unique, des falaises abruptes et des cavernes secrètes qui offraient autrefois, un refuge aux Marrons, (les esclaves qui fuyaient leur vie de servitude).
En effet, la mémoire collective raconte que la montagne a abrité des esclaves en fuite, ce qui en fait un symbole de liberté et de résistance. On peut le dire, ce lieu a été témoin de l’histoire de l’île. Et lorsqu’on l’explore, il fait aussi de nous des témoins du passé.
Les Marrons
L’histoire est souvent faite de mythes et de réalités factuelles. Laissez-nous vous raconter ce qui lie les esclaves à cette montagne.
Le 1er février 1835, l’île Maurice devenait la dernière colonie britannique à abolir l’esclavage.
À son abolition, les anglais, qui occupaient l’île à l’époque, accordèrent une compensation financière aux propriétaires d’esclaves. Lorsque ces derniers furent libérés, beaucoup d’entre eux quittèrent les terres pour vivre sur les côtes. Ils devinrent pêcheurs, menuisiers, maçons ou encore fermiers.
Certains esclaves achetèrent leur liberté et vendirent leurs terres pour survivre (des terres reçues, par obligation, de leurs anciens maîtres.
Un mythe local raconte même que les Marrons se seraient jetés collectivement dans le vide, du haut du sommet du Morne à l’arrivée des troupes britanniques. Pensant que les soldats venaient les capturer (alors qui venaient en réalité, leur annoncer leur libération), les Marrons auraient alors procédé à un suicide collectif. Cet acte désespéré témoignerait de leur résistance contre les colons et leur oppression. Apeurés et épuisés, ils choisirent la mort plutôt qu’une vie de servitude.
En 2003, des anthropologues et des archéologues de l’université de Maurice ont effectué des fouilles pour attester ces faits, sans succès. Entre réalités et mythes, la fin tragique des Marrons reste grandement présente dans la mémoire collective et les traditions orales mauriciennes.
Le Morne aujourd’hui
L’abolition de l’esclavage est un événement historique majeure dans le passé de l’île, dont la date est devenue un jour de commémoration. Chaque année, on célèbre l’abolition de l’esclavage et la lutte pour la liberté au pied de Morne Brabant. On y dépose des gerbes de fleurs et des discours sont prononcés en hommage aux esclaves. La cérémonie est souvent suivie d’un spectacle musical et d’un pique-nique familial sur la plage du Morne.
Pour les locaux, le 1er février est, aujourd’hui, un rappel de leur histoire et de celle de leurs ancêtres. Elle incarne leurs racines et leur identité.
Mais le Morne n’est pas qu’un lieu chargé d’histoire. C’est aussi un élément fondateur de la culture créole mauricienne. L’héritage des Marrons a, en effet, contribué à la formation de l’identité créole de l’île. C’est le cas, par exemple, de la création de la langue, de la musique et de la danse traditionnelles locales (notamment le séga).
Le Morne Brabant est également un site prisé par les randonneurs et les amoureux de la nature. En parcourant les sentiers du Morne Brabant, vous découvrez bien plus qu’un paysage spectaculaire. Vous marchez sur les traces de ceux qui, il y a des siècles, ont fait de ce sommet leur symbole de liberté.
Enfin, le Morne est à lui seul une invitation au défi sportif, à l’exploration et à la contemplation de la nature. En effet, le sentier est assez physique car escarpé, mais largement récompensé par la vue à 360°C sur le lagon azur, l’île aux Bénitiers et les terres.
Le Morne vous offre une évasion sur une terre naturelle et pleine d’histoire que vous ne serez pas prêts d’oublier…
« Ni chaînes ni maîtres », sur vos écrans
L’histoire des Marrons de l’île Maurice n’a jamais été autant d’actualité. Saviez-vous que le film Ni chaînes ni maîtres de Simon Moutaïrou est sorti au cinéma le 18 septembre 2024 ?
Ce film se déroule à l’île Maurice et montre la réalité de la colonisation et de l’esclavage. Il rend en quelque sorte hommage à ces créoles dont le passé a été effacé (pas de numéros de tombes, pas d’archives accessibles,…).
Ce film révèle une partie de l’histoire mauricienne et est sûrement la chose la plus tangible qu’il reste de cette période aux Mauriciens.
Vestige du passé de l’île, le Morne Brabant fait pourtant toujours parler de lui aujourd’hui. Si vous avez l’occasion de venir à l’île Maurice, cette montagne vous offrira une aventure physique, personnelle et historique.
Excursion sportive, immersion culturelle et point de vue impressionnant : une chose est sûre, l’ascension du Morne ne vous laissera pas indifférents.
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