Ici, Divali se fête autant que l’Aïd et l’Assomption : toutes ces célébrations viennent ainsi ponctuer le calendrier et colorer les rues mauriciennes.
Au-delà des traditionnelles fêtes religieuses, il y a aussi celles qui animent la vie de chaque famille.
Aussi somptueux qu’impressionnants, les mariages rassemblent parfois plusieurs centaines de personnes pendant plusieurs jours. J’ai été l’une d’elles, et voici l’expérience incroyable que j’ai vécue lors d’un mariage hindou.
Tout le village réuni pour les préparatifs
J’ai fait la connaissance de Ritesh et Rouma il y a quelques mois Quand je les ai rencontrés, ils m’avaient fièrement annoncé « en janvier, on se marie. » Je leur avais alors présenté mes félicitations, sans comprendre que je figurerais sur la liste des invités.
Vers la fin décembre, j’ai recroisé Rouma, en pleins préparatifs de la noce. « Tu viendras ? », m’a-t-elle alors demandé.
Un mois plus tard, me voici donc en route pour Poudre d’Or, un petit village de pêcheurs du Nord de l’île dont Ritesh est originaire.
Nous sommes vendredi, et quand j’arrive au village, les femmes sont regroupées dans la cour de l’une d’elles. La plus âgée est aux commandes de la karay, une poêle géante dans laquelle elle prépare un cari mauricien. Autour d’elle, une dizaine d’autres s’affaire, chacune avec un rôle précis : découpe des pommes d’amour et du citron, préparation du poulet, mélange des épices — curcuma, coriandre, massala — et préparation des herbes pour agrémenter le tout.
L’odeur qui se dégage de la cour me met déjà l’eau à la bouche. Mais il faudra attendre encore un peu pour goûter le festin : c’est demain, samedi, qu’a lieu la grande réception.
Jour de prières et cérémonie du Safran
Aujourd’hui nous sommes vendredi et il s’agit du premier jour de mariage de Ritesh et Rouma. Il y en aura quatre au total.
Après avoir observé les préparatifs du repas, je demande aux femmes où sont les mariés. « Tu ne les verras pas aujourd’hui, c’est le jour de la prière ». Et en effet, je ne les vois pas. Les proches de la famille sont réunis chez les parents pour une journée de prières en faveur des futurs mariés.
Puis vient le samedi, un jour important pour Rouma : c’est le jour de la cérémonie du Safran. Son visage, ses épaules, ses genoux et ses pieds vont ainsi être enduits de safran afin qu’elle soit purifiée avant son mariage. N’étant pas mariée, je ne peux malheureusement pas assister à la cérémonie. J’aperçois mon amie juste avant qu’elle ne soit couverte de poudre mordorée : elle porte un sari jaune couvert de broderies. J’ai à peine le temps de lui adresser un signe qu’elle et son habit d’apparat disparaissent. Je file alors sous la grande tente dressée pour le mariage : je vais enfin pouvoir déguster le délicieux cari préparé la veille. Mais quand j’arrive sous la tente, je suis loin d’être seule : des dizaines et des dizaines de personnes — la famille bien sûr, mais aussi les voisins, les amis, les collègues et les habitants du village — viennent célébrer la noce. Un brouhaha m’empêche de comprendre ce que les gens me racontent. Alors je fais comme eux : je bois et je mange en l’honneur de mes amis, impatiente d’être au lendemain.
Dimanche : la cérémonie religieuse
C’est le troisième jour de mariage, et je vais enfin voir les mariés !
Quand je rejoins les autres invités, je me fonds dans une assemblée de couleurs chatoyantes qui contrastent avec ce dont j’ai l’habitude. Pour les mariages hindous, le blanc — tout comme le gris, le noir et le marron — sont proscrits. Les femmes revêtent des saris aux teintes chaudes et les hommes de magnifiques kurtas brodées.
Soudain, l’émotion s’empare de l’assemblée. Rouma arrive vêtue d’un magnifique sari rouge — la couleur de la chance et de la force. Maquillée, elle porte de somptueux bijoux en or et ses mains sont couvertes de henné. Accompagné par le Pandit, Ritesh sort de la voiture et rejoint son épouse pour le début de la cérémonie religieuse.
Après avoir invoqué le Dieu Ganesh et les 9 planètes, Rouma et Ritesh attachent un morceau de leur vêtement ensemble, ils font les sept pas de la fidélité, puis ils échangent leurs alliances. Les voilà mariés !
De retour chez moi, je repense à cette cérémonie, si différente de celles que je connais.
Dans quelques mois, je suis invitée à un autre mariage, catholique cette fois-ci. Il y aura certainement l’église, la longue robe blanche et le vin d’honneur. Mais peu importe, puisque l’île Maurice célèbre chaque union selon les rites, les souhaits et les rêves de ses mariés.
Et c’est bien là l’essentiel : que ce jour soit un moment extraordinaire pour ceux qui échangent leurs voeux.
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