Eric, Le Steward passionné

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Eric, entre Maurice, Rodrigues et le reste du monde

Au coeur de l’hiver, tout est gris ici. Le ciel, les immeubles, les vêtements. Même les visages des gens que je croise dans la rue. L’année vient de démarrer et soudain, une envie irrépressible de couleur et de chaleur ne me lâche plus. Partir, partir, partir… je ne pense plus qu’à ça. J’ai ressorti ma vieille mappemonde, et chaque matin, je la fais tourner. J’arrête mon doigt au hasard sur des pays lointains et j’essaie de me transporter, par la pensée, en Bolivie, au Japon, au Mexique, en Martinique. Jusqu’au jour où… mon doigt s’arrête sur un point. Je le distingue à peine. Petite tâche en forme de caillou, comme un bout de terre qui se serait détaché de l’imposante île de Madagascar ou du l’immense continent africain.

Je plisse les yeux direction le bleu de l’Océan Indien, et je parviens enfin à déchiffrer le nom. ïle Maurice. Mille images me viennent en tête : des pontons, le lagon turquoise, les noix de coco, les fleurs tropicales, les bateaux. Et soudain je me souviens. Une collègue, il y a 3 ans, qui revenait d’un voyage à l’île Maurice, le sourire gravé sur son visage. « C’était merveilleux, les gens sont tellement gentils, tellement souriants. » A cet instant, dans mon imaginaire, j’ajoute des sourires, des visages, des voix, des gestes, des bruits. Et c’est comme si j’y étais.

Les jours passent, mon rêve laissé de côté, le quotidien reprenant le dessus quand je découvre face à moi l’image même que j’avais en tête. Je suis dans le métro, ligne 1, à une dizaine de mètres sous terre. Et sous mes yeux, à 8h30 ce matin, un panneau 4 par 3 avec un ponton, le lagon, le coucher de soleil, et au loin un énorme rocher qui pointe vers le ciel.

C’est décidé : je vais partir à l’île Maurice.

J’adore les jours qui précèdent un départ. L’excitation de la découverte, le stress des préparatifs, l’idée de tout laisser derrière soi le temps de la parenthèse. Le jour J, je me sens comme une petite fille, heureuse, un peu perdue. J’ai hâte d’être dans l’avion qui effacera d’un coup le quotidien pour laisser mon esprit libre de vagabonder dans l’inconnu. J’imagine les goûts, les odeurs, la lumière. J’observe l’avion qui va me transporter à 10 000 km, de l’autre côté de l’équateur : il est blanc et rouge, avec un paille-en-queue dessiné à l’arrière.

« Bonsoir » : le steward qui m’accueille a le sourire radieux et l’accent exotique.

Je m’installe sur le siège 16B. Déjà, je me sens ailleurs, légèrement engourdie, rattrapée par le sommeil. Il est 23h45, le vol dure 11 heures. J’ai décidé de me reposer pour arriver en pleine forme. Mais non. Un cri me tire de mon demi-sommeil. Devant moi, une famille prend place. Il sont 4, avec 2 enfants, des jumeaux.

Deux heures plus tard, les enfants sont endormis, et moi pas. Je décide de me dégourdir les jambes. Au fond de l’avion, des boissons et petits biscuits sont laissés à disposition des passagers. J’ai soif, je me sers un grand verre de jus d’orange, j’en bois quelques gorgées. Brutalement secouée, je renverse le reste de mon gobelet sur la personne qui se tient debout à côté de moi. Je suis confuse, mais elle me rend un grand sourire. « Pena problem Madame, c’est comme ça qu’on dit à Maurice ». La voix est douce, joyeuse, chantante. La même que celle qui m’a accueillie en début de vol.

Cette voix, c’est celle d’Eric. Au milieu de la nuit, alors qu’on survole l’Ethiopie et que les passagers dorment profondément, Eric me raconte sa vie.

Steward depuis plus de 20 ans, papa d’une petite Noémie, passionné de vélo, fan de voyages et amoureux de son pays, Eric me raconte son île Maurice. Je n’y ai pas encore posé un pied que déjà, je suis émerveillée. Le voyage a bel et bien commencé.

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