Clément, le maître nageur philanthrope
Notre avion atterrit à l’île Maurice un dimanche midi. Dans le van qui me mène à l’hôtel, je me laisse bercer par les chants hindous émanant du poste de radio, le regard perdu sur les pancartes publicitaires du bord de route. Pour rejoindre Bain-Boeuf, le chauffeur m’a expliqué qu’il fallait traverser toute l’île, du Sud vers le Nord. Je m’endors quelques minutes. Quand j’ouvre les yeux de nouveau,nous sommes sur le point d’arriver à l’hôtel. Seule la route côtière nous sépare de la plage. A cet instant je n’ai qu’une envie : plonger dans l’eau turquoise pour m’immerger dans ce nouveau pays.
Je dépose ma valise dans ma chambre, enfile un maillot de bain, traverse la route. Sans même ressentir un frisson au contact de l’eau, je plonge toute entière dans le lagon turquoise.
A peine ai-je regagné ma serviette qu’un jeune homme m’interpelle : « Salut Cousine. ça va bien ? Tu viens d’arriver ? Tu sais cousine, si tu veux l’ambiance, c’est à Mon Choisy qu’il faut aller. »
Aujourd’hui, j’ai juste envie de me laisser porter par cette douceur qui commence à m’envahir. Mais demain, pourquoi pas.
Le lendemain matin, le chant des oiseaux me réveille dès le lever du jour. J’ai l’âme exploratrice, curieuse de découvrir la fameuse plage de Mon Choisy. L’aventure démarre dans le bus, qui déboule à toute vitesse avant de freiner brusquement près du panneau blanc qui indique l’arrêt. Bain-Boeuf, Péreybère, Grand Baie, Pointe aux Canonniers : on longe la mer en empruntant la Coastal Road. A 7h15, le chauffeur me fait un signe de la main : « Madame Mon Choisy c’est ici. »
Sur les quelques mètres qui me séparent de la plage, les filaos me préservent du soleil éclatant. Quand je pose le pied sur le sable blanc, je suis surprise par la chaleur, et plus encore par le silence qui règne ici. L’effervescence du dimanche s’est envolée, laissant la plage quasi-déserte.
A quelques mètres de moi, j’aperçois un homme auquel je suis bien incapable de donner un âge.
Il installe sa chaise dépliante, ôte son short et son T-shirt, met son bonnet de bain bleu et ses lunettes de plongée. Il se lève et s’approche de moi. « Bonjour, je m’appelle Clément. Aujourd’hui, il n’y a pas de méduses dans la mer. Allez nager : l’eau est extraordinaire. »
Je suis le conseil de Clément.
Combien de temps ai-je nagé ? Je ne me souviens plus.
Ce dont je me souviens, c’est le moment qui a suivi. Clément et moi nous sommes retrouvés à l’ombre des filaos. Nous avons commencé à discuter. Clément m’a raconté son enfance, sa vie à Pointe aux Canonniers, sa passion de la mer, son opération.
On a parlé de tout, de rien… enfin si, on a parlé de LA VIE.
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