Joshila, Le street art pour partager sa passion et porter ses convictions
Mon escapade inattendue au milieu du lagon me laisse un petit goût de culpabilité. Et si moi aussi, je pouvais faire quelque chose pour cette petite île qui m’apparaît aujourd’hui si fragile ?
Quand je me réveille le lendemain, ces pensées ne me quittent pas. Que sera l’île Maurice dans 20 ans, 30 ans, 50 ans si personne ne prend conscience de sa vulnérabilité ?
Tri des déchets, consommation responsable, réduction de l’empreinte carbone : qu’est-ce que ça veut dire ici ? Comment les gens sont-ils sensibilisés ? Quelles actions sont mises en place ?
Je surfe sur le net pour en savoir un peu plus de ce qui est fait ici, à Maurice.
Je découvre soudain des photos de murs immenses. Peints de bleu, de vert, de rose, ils représentent des visages, des baleines, des tortues, des enfants, des océans.
De Moka à Triolet, c’est Joshila qui s’exprime au travers du street-art. Elle travaille au pochoir et à la bombe, avec son team créatif ou des équipes de jeunes volontaires. Au-delà de l’esthétique, ce qui anime Joshila, c’est l’envie de partager et d’inviter au questionnement. Ses thèmes de prédilection : la protection de l’environnement et le développement durable.
Depuis 3 jours, Joshila peint à Port-Louis. Du haut de son mètre 58, elle déplace les pots, les bombes et les échelles de 8 heures du matin à 19 heures. Son challenge : finir un mur de 18 mètres de long avant de s’envoler pour Miami. Appel aux bénévoles : j’en suis. Je troque le maillot de bain contre un short et un vieux t-shirt. Crème solaire, casquette, lunettes, eau et Gulab Jamouns pour tenir le coup : me voici « part of the team », comme l’annonce Joshila à mon arrivée sur place.
Nous sommes 6 à travailler sur le mur aujourd’hui. Ce soir, tout doit être fini. Il fait 33°, le ciel gris menace d’exploser. Nous nous dépêchons avant que la pluie ne nous interrompe. Au fur et à mesure de la journée, toutes sortes de gens défilent. Quand ils s’arrêtent, je vois un sourire se dessiner sur le visage de Joshila. Qui s’illumine quand, derrière nous, les images font naître des mots : « Tu imagines que quand j’étais jeune, le lagon était rempli de poissons et de tortues… » Le petit-fils écoute son grand-père avec des yeux incrédules.
Et Joshila, malgré la fatigue, sourit : elle a gagné son pari.
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