Louka, porté par le vent
Etrange impression que celle de quitter un lieu, inconnu 15 jours plus tôt, et qui fait désormais partie de mon identité. Mon séjour s’achève, il va falloir partir. Je n’ose pas le grand saut. Pourtant, j’y ai songé : annuler mon billet de retour, me plonger sans réfléchir dans cette nouvelle vie qui m’offre tout le champ des possibles. Mais rappelée par la raison, j’accepte finalement de rentrer à Paris.
Avant de quitter cette île aux merveilles, j’essaie de fixer les lieux qui me sont désormais familiers : la plage de Bain-Boeuf qui s’anime en milieu d’après-midi avec le retour des bateaux de pêche, le Coin de Mire, qui s’élève fièrement à quelques miles nautiques de là, le camion à glace de Péreybère, garé à l’ombre des filaos, les rochers de Pointe aux Canonniers. Je ne suis pas encore partie que déjà, ces endroits se cristallisent en souvenirs.
Des préparatifs de départ, je n’ai aucun souvenir. Pas plus que du trajet qui m’emmène à l’aéroport. Perdue dans mes pensées, j’enregistre mes bagages, passe la sécurité, patiente dans le hall d’embarquement. Puis je monte dans l’avion. Soudain, l’image d’Eric m’apparaît. Je serais tellement heureuse de le revoir, de lui donner mes impressions sur son pays, de partager avec lui ma perspective de revenir.
Tandis que j’avance dans l’allée centrale, je crois l’apercevoir au fond de l’avion. Je hisse la tête, la silhouette se retourne. Déception.
Alors que tous les passagers sont installés, une dernière personne pénètre dans l’avion. J’entends quelques sifflets et applaudissements. Je me penche sur la gauche pour observer le retardataire.
Il n’a pas l’air gêné le moins du monde, visage angélique aux yeux bleus lagon et au sourire éclatant.
« Sorry Madame, je vais vous déranger, je suis assis à côté de vous. »
Je n’ai pas besoin de beaucoup l’observer pour deviner que celui qui voyagera à mes côtés est fan de surf. Silhouette d’athlète, cheveux souples décolorés par le sel, sweat-shirt à capuche, casquette Red Bull vissée sur la tête.
« Vous êtes surfer?
– Plutôt kitesurfer. Je m’appelle Louka.
– Et vous pratiquez le kite à Maurice ?
– A Maurice et dans le monde. Je suis un enfant du globe. »
Faute de discuter avec Eric, je découvrirais, cette nuit-là, la vie trépidante de Louka, l’étudiant-Kitesurfer professionnel qui se partage entre l’île Maurice, Montpellier, le Venezuela, la République Dominicaine, le Maroc… et tant d’autres pays où sa passion l’emmène.
En arrivant à Paris ce matin-là, j’ai le coeur rempli de chaleur et la tête pleine des bribes de tropiques gardées avec moi. Je prends alors conscience que cette rencontre, avec l’île Maurice, a déjà changé ma vie…
Ile Maurice mon Amour, attends-moi, je reviens vite.
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