culture

Le street art à l’île Maurice en 4 balades

jeudi mai 12, 2022
Street art présent au China Town de Port-Louis

De la rue la plus colorée de la capitale aux vestiges 5 étoiles du festival Porlwi en passant par Beau Plan et l’explosion artistique de la cité Mangalkhan, les murs de l’île Maurice se réveillent. Suivez-nous dans ce voyage rempli de trésors.

 Faites le mur ! L’île Maurice a enfin osé. Sachez-le. Longtemps ternes, grises et sombres, les rues s’expriment enfin, et osent toutes les couleurs. Les écoles – dont les murs extérieurs restent historiquement des espaces d’expression artistiques et pédagogiques avec des dessins bien sages et enfantins -, ne sont plus l’exception. L’explosion artistique est arrivée, tardivement, mais surement, avec des talents en or. L’histoire débute à Port-Louis…

Chinatown Fever rue Sun Yat Sen

Préparez-vous à une balade stimulante. Ce matin, direction chinatown, le quartier chinois de la capitale mauricienne ! Chinatown c’est tout une histoire. Le cœur marchand de la capitale mauricienne ravagé par des incendies reste, malgré un long déclin, habité d’une âme unique. Ce petit coin de Port-Louis, étendu de la rue du Dr Joseph Rivière à la rue de la Paix, conserve une atmosphère d’exception…et redevient tendance. Rechargez votre batterie à fond, vous allez prendre de nombreuses photos! Merci à la New Chinatown Foundation et au festival chinois qui, depuis 2005, s’attachent à la revalorisation du quartier à travers des démarches artistiques et citoyennes. Aujourd’hui, on compte une centaine d’œuvres murales. Mission accomplie, elles ravivent la flamme de ce quartier.

Suivez-nous. Depuis le bazar de Port-Louis, vous êtes à la croisée des mondes. Prenez la rue royale et dirigez-vous vers le nord et cette grande arche bétonnée qui symbolise l’entrée de chinatown. Ouvrez bien les yeux. Les murs vous parlent, les couleurs ressortent. Au croisement avec la rue Emmanuel Anquetil, vous tomberez sur des restaurants folkloriques et des vieilles ‘boutik’ aux couleurs vives. Que d’histoires. Poursuivez et tournez à droite, rue Sun Yat Sen. Regardez bien, un dragon géant à gauche, Bruce Lee à droite, vous êtes dans la rue la plus colorée de l’île ! Ici pas de paillettes. Les murs sont principalement des œuvres d’artistes amateurs du quartier, comme Yan Jian et Seven Chi. C’est beau, parfois drôle, parfois poétique, et la marche regorge de surprises et de rencontres. Prenez le temps, puis rebroussez chemin par la rue Emmanuel Anquetil et Joseph Rivière, vous découvrirez, au détour du folklore si apaisant du quartier (oui, on est loin du tumulte de la rue la corderie et du marché central), les œuvres d’artistes plus confirmés comme Armand Gachet et sa joueuse de flûte ou Rymd et son impressionnant mur de 14 mètres peint pour la seconde édition de Porlwi, l’autre festival avec qui tout a commencé…

Les étoiles de Porlwi

Avec le festival Porlwi, la capitale a basculé. Les 400 000 personnes présentes sur trois nuits dès la première édition en décembre 2015, se sont émerveillées devant un nouveau Port-Louis. Le centre historique résonne encore de cette fête inattendue. Depuis, les nouveaux totems de la capitale ne sont plus de pierres mais de peintures. Rendez-vous, rue Bourbon – cœur de la première édition du festival et transformée exceptionnellement en rue piétonne et verte lors de la troisième édition -, pour le croire. Ici les murs sont peints par des grands noms du street art. Par où commencer ? Là où tout a commencé, au niveau de la rue Rémy Ollier, à deux pas du théâtre de Port-Louis (symbole historique en berne de la capitale), où le magnifique mur en noir et blanc du mauricien Brian Lamoureux (en vidéo ci-dessous) côtoie le graffiti de Resko et l’immense œuvre du duo berlinois 44flavours. A la même échelle, levez les yeux, le boulboul (l’oiseau mauricien à la crête de punk) du réunionnais Méo règne sur le quartier. Avec ses 30 mètres de hauteur, il dépasse le ‘Room 712’ des allemands de Quintessenz, le précédent record du festival. De la démesure à Port-Louis, c’est adapté. Plus haut, en remontant la rue Bourbon, rentrez dans un parking en plein air sur votre gauche. Ici, on s’émerveille devant cette silhouette d’enfant dont l’esprit s’évade par une fenêtre du français Seth et on s’amuse en détaillant les personnages fantasques d’une autre référence du street art français : Bault. Plus bas vers le port, on aperçoit une femme accroupie, œuvre de la canadienne Andrea Wan. Et il y en a tant d’autres, parfois cachées, comme ces délicats oiseaux signés de la graphiste mauricienne Jody Jean Pierre à l’ombre de vieilles bâtisses créoles qui font de la résistance. L’art a pris possession de la rue Bourbon. C’est coloré, c’est vivant, c’est cosmopolite, c’est le Port-Louis qu’on adore !

La cité Mangalkhan a un sacré talent

Bye bye Port-Louis, direction le plateau central et les Plaines Willems. C’est le cœur de la population urbaine de l’île. Ici, à deux pas de Curepipe, dans un coin de Floréal, la cité Mangalkhan attitre notre attention. Son nom, cité Mangalkhan l’a hérité d’un esclave. Ce quartier défavorisé a des allures de favelas sud-américaines avec ces petites maisons peintes et fleuries. C’est un quartier de battants où ont grandi de grands noms de la culture et du sport mauricien, comme les frères Joseph, Ryan Pynam et Stephan Buckland, mais aussi la formidable association musicale Vent d’un Rêve.

Depuis 2017, Mangalkhan a pris une nouvelle dimension. Avec l’initiative citoyenne ‘Colour for Change’ menée par l’entreprise de peinture Sofap, des bâtiments entiers et des murs ont été peints collectivement par les habitants du quartier, le collectif K3K (Kolektif 3 Kartie) ou encore les célèbres artistes mauriciens Evan Sohun et Gaël Froget. Oubliez les préjugés de la cité et promenez-vous dans les petites ruelles de Mangalkhan. Votre point de départ : les fameuses loges de Mangalkhan. Ces bâtiments, à ne pas arpenter le soir, étaient les loges d’un hippodrome construit par le Mauritius Jockey Club en 1906, aujourd’hui transformées en espace sportif et associatif. Si le cachet historique du lieu a disparu, il dégage une étonnante force avec ces œuvres murales et ses couleurs vives qui recouvrent ses murs. Une nouvelle histoire.

Beau Plan, la nouvelle adresse artistique

Notre balade s’achève sur la partie Nord de l’île, à mi-chemin entre Port-Louis et Grand Baie, dans le poumon de verdure de la région historique de Pamplemousses, à Beau Plan ! Vous connaissez surement le coin. C’est à Beau Plan, terre de cannes à sucre à perte de vue, qu’est situé l’Aventure du Sucre. Autour du fameux musée c’est tout une ville qui est en développement, mêlant arbres centenaires, espaces commerciaux et vestiges de l’époque industrielle dans un cadre de vie moderne et créatif. En tête de gondole, Mahogany, un centre commercial pas comme les autres ouvert en arc de cercle sur un lac qui s’allume de mille lumières (solaires) le soir.

En arrivant en voiture, vous tomberez sur votre gauche sur une œuvre décorative XXL peinte par Baba Gaïa. La jeune artiste mauricienne fait partie de cette nouvelle vague de talents emblématiques de l’île qui ont habillé les murs de Beau Plan. Comme Daphné Doomun et Dévid, bien visibles dans les rues de Port-Louis et ici présents dans le jardin de l’Aventure du Sucre. Le point d’orgue de votre balade à Beau Plan: Le Creative Park ; Adjacent au musée côté chute d’eau, c’est un espace bien connu des industries culturelles et artistiques de l’île, et un lieu d’expression emblématique du street art mauricien. De la maison jaune de Brian Lamoureux aux personnages de The Little Big People, il y en a des couleurs ! Lors de l’événement Dreamers, organisé par La Isla Social Club, trois murs ont été peints le temps d’une soirée : Baba Gaïa, encore elle, associée à Tania, a recouvert d’une nature luxuriante la façade du Sudio Dance School. Le collectif North Side Zoo a tagé un coin du parc, tandis que Nitish aka NCA laissait un message écrit en créole en lettres géantes : ‘Lavi enn zoli vwayaz’. Oui ‘La vie est un joli voyage’ !

Ecrit avec amour par Victor

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